Un exemple objectif de reportage en conditions de guerre
Israa Albhaisi a déclaré : La guerre change tous les principes et règles du travail journalistique. Il nous est souvent arrivé de ne pas avoir accès à de l’eau potable et de devoir boire de l’eau gâtée.
Selon les Relations publiques du 2e Festival international des médias de Sobh, l'atelier professionnel "Le journalisme de guerre" s'est tenu le troisième jour du 2e Festival international des médias de Sobh. L'atelier a été animé par la journaliste palestinienne Israa Albhaisi, reporter pour le réseau Al-Alam, qui a partagé ses années d'expérience dans le domaine du journalisme de guerre et s'est concentrée sur la préparation de reportages.
Albhaisi a commencé son discours en déclarant : « Lors de cette réunion, je veux parler des compétences essentielles qu'un journaliste doit posséder et répondre à une question importante à savoir : comment un journaliste doit-il travailler dans une zone de guerre ? Elle a poursuivi : « Pour couvrir la guerre qui est toujours en cours à Gaza, nous sommes non seulement des potentielles victimes, mais encore nous devons être présents sur chaque scène de guerre qui s’annonce cruciale et couvrir des événements importants. Il s’agit de l'essence même du travail d'un reporter de guerre : maintenir sa propre sûreté et sécurité tout en étant présent à chaque moment important. »
Elle a ajouté : « En tant que journaliste de guerre, j'ai appris à être toujours préparée. J'ai une tenue spéciale que je porte toujours et je suis toujours prête à ce que mon téléphone sonne et soit convoqué pour quelque chose. Certains diraient peut-être que ce mode de vie brouille la frontière entre la vie personnelle et professionnelle, mais pour moi pour réussir dans une carrière journalistique, surtout dans une zone de guerre, le travail doit toujours passer en premier. »
Albhaisi a souligné l'importance d'être prêt à faire face à des situations d'urgence à tout moment, déclarant : « J'ai même enseigné cette préparation à ma famille. Mon mari est également journaliste et j'ai appris à ma fille quoi faire en cas d'urgence pour rester en sécurité. Dans une zone de guerre, les conditions sont imprévisibles et tout peut arriver à tout moment. »
En évoquant le défi du reportage sur les scènes de guerre, Albhaisi a expliqué : « Il y a des moments où quelque chose se passe à des kilomètres de moi et je ne peux pas être là, et en tant que journaliste, je ne peux pas être partout à la fois. Dans ces situations, je compte sur les gens et sur les rapports qu’ils m’envoient. J'ai même rendu publique ma page Instagram personnelle afin que tout le monde puisse m'envoyer ses rapports. »
Elle a poursuivi : « Mais la question fondamentale est la suivante : Comment pouvez-vous faire confiance à ces rapports vidéo et connaître leur exactitude et leurs crédits ? Je dois dire que lorsque les nouvelles proviennent de trois sources différentes, on peut avoir confiance qu’elles sont vraies. De plus, il est plus fiable si les rapports sont au format vidéo, indiquant l'heure et le lieu exacts. Permettez-moi d'aborder une question toujours importante : la guerre modifie tous les principes et règles du travail journalistique. Il nous est souvent arrivé de ne pas avoir accès à de l’eau potable et de devoir boire de l’eau contaminée.»
Elle a poursuivi en citant un exemple : « A titre d’exemple on dit qu'un journaliste doit mettre de côté ses sentiments en temps de guerre et s'appuyer sur sa rationalité, mais est-ce possible ? J'ai pleuré trois fois : une fois, lorsqu'une mère m'a appelé et m'a dit : « C'est mon premier enfant qui a perdu la vie ; s'il vous plaît, aidez-moi à sortir mon deuxième enfant des décombres. Une autre fois, ma maison a été bombardée et j'ai dû sortir les jouets de mon enfant et nos articles ménagers des décombres. La troisième fois, c'était quand je faisais un lavage mortuaire à mon ami. En tant que journaliste, vous avez pour mission de filmer les ruines, les morts et les personnes sous les décombres. Est-il possible de contrôler ses émotions dans de telles situations ?
Le journaliste d'Al-Alam a déclaré : « De plus, lorsque vous êtes en guerre, l'ennemi vous envoie un message menaçant vous disant que vous ne devez pas publier l'information, et si vous la publiez, votre vie et celle de votre famille seront en danger. Pour cette raison, beaucoup de gens ne vous louent pas de maison parce qu'ils disent que les journalistes sont dans le collimateur et sont recherchés et que leur maison peut être touchée à tout moment. »
Plus loin dans ses mots, elle a raconté le récit de la préparation d'un de ses rapports difficiles et a déclaré : « J'ai été informée un jour qu'un certain nombre de femmes avaient été violées. Eh bien, il était naturel que ce ne soit pas facile de parler d'un tel sujet avec les victimes. Que devais-je faire ? D'une part, il faut fournir des informations, et d'autre part, il est difficile d'obtenir des informations dans ce cas sensible. J'ai décidé d'aller voir un groupe de ces femmes. Au début, j'ai éteint la caméra et j’ai parlé avec l’une d’elles comme une amie pour qu'elle se sente en sécurité. Après l'établissement d'une relation amicale, je lui ai expliqué que sa réputation n'allait pas être ternie et que nous voulions montrer le comble de la barbarie des soldats israéliens en informant le monde à ce sujet. Finalement, elle a accepté d'être interviewé et j'ai été le seul journaliste à pouvoir informer et préparer un reportage sur ce crime. »
Le 2e Festival international des médias de Sobh, dirigé par Mohsen Yazdi, a débuté le 19 mai en trois sections : "Principale", "Service extérieur de l’IRIB" et "Spécial Palestine" avec la projection de documentaires, de films d’animations et de courts métrages ainsi que la tenue d'ateliers professionnels axés sur le travail médiatique.
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